Le réemploi au Québec : un moteur économique, social et environnemental sous-estimé

Le réemploi désigne l’ensemble des pratiques qui permettent de donner une seconde vie à un produit sans le transformer. Il regroupe la vente, le don, la réparation et la location de biens usagés, qu’il s’agisse de vêtements, de meubles, d’appareils, de véhicules ou d’équipements divers. En prolongeant la durée de vie des objets, le réemploi réduit la consommation de ressources, les émissions liées à la fabrication de biens neufs et la quantité de matières résiduelles générées.

Pourtant, malgré son rôle central dans l’économie circulaire, le réemploi demeure souvent perçu comme marginal, informel ou associé à la décroissance. Afin de mieux comprendre ses retombées réelles, RECYC-QUÉBEC a mandaté Aviseo Conseil pour réaliser la première étude de quantification économique, sociale et environnementale du secteur du réemploi au Québec.

Cette analyse offre un portrait structurant d’un secteur encore peu documenté, mais en croissance, et confirme sa contribution réelle au développement durable du Québec.

Un moteur économique bien réel

Le réemploi génère une activité économique robuste, ancrée dans les communautés locales.

Chiffres clés

  • 4,9 G$ de chiffre d’affaires au Québec
  • 1 148 emplois équivalents temps complet soutenus
  • 203 M$ de valeur ajoutée nette générée

Le réemploi crée des emplois de proximité, réduit les fuites économiques associées aux importations et renforce la résilience des territoires. Il soutient particulièrement les secteurs de la réparation, de la location et du commerce de détail d’occasion.

Un levier environnemental incontournable

En prolongeant la durée de vie des produits, le réemploi évite la production de biens neufs, réduisant ainsi la pression sur les ressources naturelles.

Impacts environnementaux évités

  • 226 100 tonnes de CO₂, soit l’équivalent de 50 000 voitures par année
  • 4 781 tonnes de déchets plastiques
  • 120,8 millions de m³ d’eau

Ces résultats démontrent que le réemploi est l’une des actions les plus efficaces dans la hiérarchie des 3RV-E pour réduire l’empreinte écologique du Québec.

Un secteur vaste et diversifié

L’étude identifie 4 941 entreprises actives dans le réemploi au Québec en passant des friperies aux ateliers de réparation et de la location spécialisée au commerce d’occasion.

Certains secteurs se démarquent particulièrement par leur potentiel environnemental :

  • Vêtements d’occasion
  • Petits électroménagers
  • Location de véhicules

À eux seuls, ils représentent :

  • 35 % des émissions de GES évitées
  • 44 % de la consommation d’eau évitée
  • 32 % des déchets plastiques évités

Questions & réponses

  1. En quoi le réemploi diffère-t-il du recyclage?
    Le recyclage transforme la matière; le réemploi conserve le produit tel quel. Il prolonge sa durée de vie, consomme moins de ressources et génère généralement moins d’impacts environnementaux.
  2. Est-ce que le réemploi coûte moins cher que l’achat neuf?
    Généralement, oui. Le réemploi permet d’accéder à des biens fonctionnels, durables et parfois de meilleure qualité à moindre coût, tout en soutenant l’économie locale.
  3. Quelles sont les principales barrières au réemploi?
    La perception négative du “déjà utilisé”, la concurrence de biens neufs à bas prix, le manque d’information sur l’offre disponible et l’accès limité dans certaines régions constituent les obstacles les plus fréquents.
  4. Quel rôle joue le réemploi dans la lutte contre les changements climatiques?
    Chaque bien réemployé évite la fabrication d’un produit neuf ; une étape importante en émissions de GES, en consommation d’eau et en utilisation de matières premières.
  5. Le réemploi est-il rentable pour l’économie québécoise?
    Oui. Il soutient l’économie locale, crée des emplois de proximité et génère plus de 200 M$ en valeur ajoutée nette, tout en limitant les fuites économiques liées aux importations.
  6. Le réemploi menace-t-il les emplois liés à la production de biens neufs?
    Non. Il crée plutôt des emplois supplémentaires dans la réparation, le commerce d’occasion, l’économie sociale et les services locaux.
  7. Comment encourager davantage le réemploi?
    En facilitant l’accès aux services, en sensibilisant les consommateurs, en soutenant l’innovation, et en mettant de l’avant ses avantages économiques et environnementaux.
  8. Comment les citoyens peuvent-ils contribuer au développement du réemploi?
    En achetant usagé, en réparant plutôt que remplacer, en donnant plutôt que jeter, en fréquentant les commerces locaux et en s’informant sur les initiatives présentes dans leur communauté.

Consultez l’étude complète ⬇️